C'est aux Etats-Unis qu'à la fin des années 70 est né le hardbat, de la volonté de plusieurs joueurs de revenir au tennis de table de "l'Âge d'Or" des années 30/40, qu'ils estimaient plus "pur" que celui de la mousse et des revêtements adhérents, qui avaient selon eux perverti la discipline. Plus tard, au début des années 2000, apparut le sandpaper, que Marty Reisman, joueur emblématique du hardbat américain, considérait comme la forme "la plus pure" du tennis de table, avec des possibilités de mettre de l'effet à la balle encore plus réduites qu'avec un caoutchouc à picots courts sans mousse.
Marty Reisman dans les années 60
Mais si le sandpaper a pu se développer aux Etats-Unis, c'est avant tout grâce à des pongistes philippins, qui ont fait connaître une discipline de leur pays, le liha, lors de voyages en Amérique du Nord, ainsi que par des vidéos en ligne.
Raquettes de liha philippines avec manche décoré
Un peu d'histoire
Cette introduction du sandpaper par les Philippins aux Etats-Unis est d'ailleurs une sorte de "retour des choses", puisque ce sont les soldats américains qui amenèrent le tennis de table aux Philippines aux alentours de 1900, lors de la première période de colonisation américaine. Ils répandirent alors le Ping Pong (du nom des boîtes de matériel qu'ils emmenèrent avec eux) dans le pays, aidés également par les "Thomasites", un groupe d'instituteurs envoyé par les Etats-Unis pour mettre en place et développer un nouveau système éducatif. Après le départ des militaires, ces derniers continuèrent à promouvoir le ping pong à travers le pays.
Mais alors que le tennis de table continuait à se populariser aux Philippines, une autre forme se jouait chez les particuliers, dans les rues, et à peu près partout où l'on pouvait trouver une table, avec ses règles spécifiques : le liha, descendant direct du ping pong originel. L'auteur de cette redécouverte fut le regretté Peter Cua, ancien membre de l'équipe nationale philippine, qui le fit connaître au grand public et le popularisa dans les salles de sport.
Les règles du liha
Les raquettes utilisées doivent être recouvertes de revêtements en papier de verre.
Les balles blanches ou orange font 38 mm de diamètre.
Service "easy serve easy return" (service facile retour facile), c'est une simple mise en jeu en coup droit et dans le coup droit du receveur. Ce dernier a le droit de refuser le service autant de fois qu'il le souhaite s'il le trouve trop difficile. Le joueur qui sert est celui qui récupère la balle de son côté.
Une partie se joue au meilleur des 3 manches de 20 points. A 19/19, on reprend à 0, et le premier arrivé à 5 points gagne la manche.
Un joueur est autorisé à toucher la table avec sa main libre.
Une partie de liha aux Philippines
Les particularités du liha
Outre ses règles spécifiques, le liha présente des différences importantes avec le tennis de table standard. Le service est une simple mise en jeu, qui permet au serveur de lancer l'échange sans chercher à gagner le point. Le receveur renvoie généralement une balle coupé qui permet au serveur d'attaquer, puis l'échange se poursuit avec une alternance de phases d'attaque et de défense pour chaque joueur. Les rotations sont faibles par rapport aux revêtements backside, la vitesse de la balle moins importante et les échanges plus longs.
Le liha à travers le Monde
Outre les Philippines d'où cette discipline est originaire, le liha se joue également aux Etats-Unis lors de certains tournois. Il existe même des séries Liha à l'US Open et aux Championnats des Etats-Unis.
Quelques joueurs
Peter Cua : il est considéré comme le principal promoteur du liha. Après l'avoir redécouvert aux Philippines, il le fit connaître aux Etats-Unis. Appelé "Ambassadeur du Liha", il est décédé tragiquement en 2014.
Peter Cua
Marty Reisman : pendant les dernières années de sa vie, il se tourna plus particulièrement vers le sandpaper, et faisait régulièrement des matches de démonstration, notamment au Spin New York. Il est mort en 2012 à l'âge de 82 ans.
Richard Gonzales : international philippin de tennis de table, Richard Gonzales est également un très bon "lihador" (joueur de liha) et joueur de sandpaper. Il a atteint 2 fois les 1/2 finales du World Championship of Ping Pong, le grand tournoi international de sandpaper de Londres.
Richard Gonzales au World Championship of Ping Pong
De nombreux joueurs philippins, inconnus en dehors de leur pays, sont également de très bons lihadors : Joseph Cruz, Berto Bas, Alan Reyes, Nico Cruz, Edwin Suarez...
Aux Etats-Unis, les meilleurs joueurs de liha sont issus de la communauté Hardbat : A.J Carney, Chu Bin Hai, Adoni Maropis, Scott Gordon...